Le récit le plus complet de la vie de saint
Éliane est rédigé en arabe et compris dans le manuscrit n° 652 de la
Bibliothèque de l'Université Saint- Joseph de Beyrouth, lui-même la copie d'un
texte plus ancien établi à l'intention de J. van Kasteren S.J., en 1860.
Ce récit nous apprend que saint Éliane
était le rejeton d'une famille notable de Homs. Doué de multiples vertus, il
pratiquait la médecine non seulement pour guérir le corps de ses prochains,
mais pour soigner leur âme aussi. En même temps, il pratiquait la charité,
prenant sur le superflu qu'il trouvait dans la maison de son père. Celui-ci,
grand dignitaire du duc (douqs, et dans la version arabe wâli) de Homs et
portant un nom orthographié de maintes manières (Hastaris, Hattâris ou
Fastâris) était idolâtre, donc ennemi naturel de la doctrine que son fils
confessait. Le conflit devait éclater sous Numérien, cet empereur éphémère,
débonnaire et ami du poète Némésien , mais persécuteur des chrétiens.
Plat représentant saint Julien, Mar-Elian, protecteur de la ville d’Emèse, actuelle Homs. Homs-Emèse (Syrie), VIIe siècle, Argent martelé et gravé, D.32 cm. Coll. George Antaki, Londres. |
Chargé d'appliquer un châtiment exemplaire
à l'évêque Sylvain (Silwân), ainsi qu'au diacre Lucas et à l'anagnoste Mocius ,
qu'il tortura pendant quarante jours, Hastaris se trouva dans la position
délicate de devoir sévir contre son propre fils, Éliane s'étant rendu à la
prison où il avait posé ses lèvres sur les fers des martyrs, déclarant
ouvertement sa foi chrétienne. Son père, fidèle à ses devoirs, saisit son chef
le wâli de la situation, mais celui-ci se récusa pour des raisons d'amitié.
Éliane n'en fut pas moins emprisonné, s'étant associé par sa propre volonté aux
troubles suscités par le martyre de Sylvain et de ses compagnons, condamnés à
servir de proie aux bêtes sauvages. Jetés dans l'arène du cirque, devant une
foule immense de spectateurs, les fauves refusèrent de toucher à eux ; ce qui
provoqua la conversion de quatre mille personnes, entraînant ainsi
l'intervention armée du wâli, qui les fit tous décapiter sur la colline
Mo'anbar, le 10 mars 284 .
Mais Éliane n'était pas parmi les victimes
de Mo'anbar : s'étant évadé de sa prison pour saluer une dernière fois les
martyrs dans l'arène, il commença à invectiver les païens, ce qui devait lui
attirer nécessairement d'autres épreuves. Il fut battu, puis promené à la vue
de tous à travers la ville, depuis la Porte de Restan (Aréthuse) jusqu'au Pont
Bleu, avant d'être de nouveau enfermé sous la Coupole de Plomb, d'où il
apercevait la résidence de son père, ou al-Hawà (le Caprice).
Ses tortures se prolongèrent pendant onze
mois, du 10 mars au 6 février et, dans l'intervalle, de nombreux miracles et
visions eurent lieu. Vers la fin, on lui enfonça douze grands clous dans la
tête (dans le Menées du 6 Février, L’église Grecque mentionne le Saint par deux
vers épigrammatiques, (Le Christ eut les mains et les pieds
cloués /Julien, la tête aussi). Déjà
moribond le saint trouva asile dans une grotte qui servait d'atelier à un
potier. Ce fut ce dernier qui, pour se conformer à une vision, transporta ses
dépouilles dans l'église de l'endroit, où, dès le début, elles furent l'objet
d'une vénération générale. Plus tard, ses reliques devaient être de nouveau
transférées dans la grotte où il avait rendu l'âme, pour faire place dans
l'église à la tête de saint Jean-Baptiste. Cela se fit le 15 avril 452.
Enfin, l'évêque Paul fit bâtir une
basilique qu'il consacra à sa mémoire. Les reliques de saint Éliane ont
prodigué des guérisons merveilleuses et autres miracles. Retenons par exemple
celle de la jeune juive qui risquait de mourir pour avoir avalé une écrevisse
et ne guérit qu'en mangeant une chair impure (du porc ?), ce qui devait
l'amener à se convertir. Comme on le voit, même après sa mort, saint Éliane
devait conserver sa vocation de guérisseur.
Basilique de Saint Éliane à Homs. |
La plus ancienne des icônes connues de
saint Éliane semble être celle de l'église Mar Éliane de Homs. Son inscription,
sans doute plus lisible à l'époque, a été publiée en 1902 par Th. I. Uspenskij
: “Cette icône fut achevée aux frais et par la peine de Sa Sainteté le
Patriarche d'Antioche, Kyr Joachim, en 7106 (= 1598). Mai en 18)”.
Seigneur Jésus Christ, par l’intercession
de ton Martyr Éliane, aie pitié de nous et sauve nous. Amen.
Le tombeau en marbre où repose le corps de Saint Éliane,
source intarissable de guérisons, au fil des temps.
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Une oeuvre d'art melkite : l'icône de Saint-Elian de Homs [article]
Virgil Candea
Syria. Archéologie, Art et histoire Year 1972 49-1-2 pp. 219-238
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